Ten Ten, l’application pire que TikTok pour la quiétude des salles de classes ?
Inventé dans les années 1930, on aurait pu croire que le talkie-walkie était une techno dépassée. Même si encore largement utilisé dans certains milieux professionnels, on aurait bien du mal à imaginer l’intérêt d’une application mimant un talkie-walkie sur nos smartphones. Et pourtant. C’est le but de l’application Ten Ten, lancée le 4 avril. En peu de temps, elle est devenue très populaire, notamment chez les plus jeunes. Disponible sur iOS et Android, elle a déjà dépassé le million de téléchargements. Vous allez vite comprendre pourquoi c’est problématique.
Un succès fulgurant mais controversé
L’application est issue de l’imagination d’Antoine Baché, développeur et ancien élève de l’école d’ingénieurs 42 et de Jules Comar, diplômé de Sciences Po Paris et ancien consultant chez McKinsey. Le duo est désormais à la tête d’une vingtaine de personnes qui ont travaillé au développement de Ten Ten. Vous allez le voir, sortir de 42 et de Sciences Po pour nous pondre une telle merveille, c’est assez cocasse.
Le principe de Ten Ten, se veut d’une simplicité désarmante : après téléchargement, il suffit de créer un profil avec pseudonyme et photographie. Il est possible ensuite d’ajouter les contacts de son répertoire et de communiquer instantanément avec eux, même lorsque l’application est fermée et l’écran verrouillé. Vous avez dit intrusif ? C’est même l’élément maître de communication de l’application : « chante, crie ou chuchote… tes amis t’entendront en temps réel, même quand le tel est verrouillé ! ». Un langage, on le voit, parfaitement orienté pour séduire les plus jeunes.
Sur l’application TikTok, des centaines de vidéos de collégiens ou lycéens faisant usage de Ten Ten sont déjà en ligne. Ceux-ci s’amusent parfois à montrer comment ils utilisent Ten Ten pour perturber les cours. Un vrai bonheur pour les professeurs. La seule manière d’éviter que les communications par Ten Ten sortent du haut-parleur, c’est de mettre le téléphone en mode avion, ou ne pas déranger. Autre solution plus radicale : l’éteindre complètement.
Si on se demande à quoi pensaient réellement les concepteurs de l’application au moment de sa création, l’usage détourné que les élèves peuvent en faire est déjà un souci en soi. Même si certaines vidéos sur TikTok sont des mises en scène, il y a à boire et à manger. Des collégiens qui en harcèlent d’autres à l’aide de Ten Ten, d’autres (la plupart mineurs) qui demandent carrément à leur communauté de les ajouter sur Ten Ten sans même connaître les personnes concernées et autres vidéos plus ou moins intelligentes.
On imagine déjà largement les dérives qui pourraient advenir avec Ten Ten, surtout que les créateurs avouent n’avoir pas encore finalisé la politique de confidentialité de Ten Ten. Les risques liés à une utilisation non contrôlée de cette application sont évidents : diffusion involontaire d’informations relevant de la vie privée, facilité de diffusion de messages haineux, manque de contrôle sur les enregistrements, addiction et pression sociale, etc. Ten Ten a au moins ce mérite : celui de nous faire reconsidérer sérieusement l’interdiction des smartphones en classe.
- Ten Ten, une application française mimant un talkie-walkie, a dépassé le million de téléchargements depuis sa sortie en avril.
- Le principe : pouvoir parler à ses contacts alors même que l’application est éteinte et le téléphone verrouillé.
- Les dérives et risques de cette application, notamment auprès des plus jeunes, apparaissent comme assez évidents.
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