Pourquoi la 5G est encore loin d’apporter la révolution que l’on attendait

Les promesses de la 5G sont-elles au rendez-vous en 2024 ? Au salon de Barcelone, l’ambiance semblait morose pour les acteurs de cette technologie qui promettait pourtant une révolution dans les usages. Du côté des opérateurs, si les abonnements progressent, on ne constate pour l’heure pas de vrai engouement qui s’ajouterait à l’évolution purement due aux renouvellements de smartphones par les clients.

Au-delà, du côté des entreprises, excepté une poignée de grands groupes, l’adoption de la 5G peine encore à s’imposer – notamment en France, où comme l’expliquent nos confrères de La Tribune, seuls quelques acteurs majeurs ont réellement franchi le pas. Il faut dire que pour l’heure la technologie 5G déployée en Europe est loin de délivrer toutes ses promesses.

La 5G peine en Europe, pour l’instant, à faire oublier la 4G

Que l’on parle des débits comme des phénomènes de saturation, on reste souvent sur une technologie proche des meilleurs réseaux 4G. La faute à des réseaux qui restent encore, pour l’essentiel, conçus pour délivrer une 5G dite “non standalone” c’est à dire partagée. Alors qu’à terme, cet accès sera pour l’essentiel “standalone” avec des débits garantis sur chaque terminal, même dans des zones encombrées comme les stades et les gares.

Il y a aussi la question d’autres types de 5G en souffrance, encore, d’infrastructure. Comme par exemple la technologie mmWave qui se base sur des fréquences plus élevées, permettant des débits nettement supérieurs et une latence minime. Si ces technologies peinent encore à devenir disponible, c’est à cause d’une conjonction de facteurs.

Tout d’abord, la technologie 5G SA requiert d’emblée de lourds investissements pour remplacer le coeur de réseau des opérateurs par des équipements adaptés. De leur côté, les antennes mmWave ont peu de portée, et requièrent donc l’installation (encore plus coûteuse) d’un réseau particulièrement dense d’antennes, en particulier dans les villes et dans les zones très fréquentées.

Les opérateurs, entre difficultés à monétiser la 5G et retard technologique

Les opérateurs doivent déjà assumer de lourds investissements pour déployer les antennes à la base de leur couverture 5G. Le tout dans des territoires qui, comme la France, l’Allemagne ou l’Espagne, par exemple, peuvent être très vastes, et un environnement particulièrement concurrentiel. Le réseau de base est pour l’essentiel déjà là au moins partiellement dans certains pays, mais le manque d’engouement des clients conduit les opérateurs à avoir des difficultés à monétiser la technologie, alors que ces derniers se battent pour garder et éviter le départ d’abonnés chez leurs concurrents.

Résultat, seule 25 % de la population européenne est réellement couverte par ce réseau au moment où nous écrivons ces lignes. Sur le marché professionnel, la plupart des acteurs ont par ailleurs du mal à voir rationnellement l’intérêt des réseaux actuels. La 5G doit justement leur permettre une connectivité plus dense – autorisant de nouvelles façons de gérer les usines, zones portuaires, entrepôts ou cliniques et hôpitaux, entre autres exemples. Il faudra voir si l’activation de la 5G SA dans le courant de l’année en France va ou non changer un peu la donne et créer un appel d’air enfin vertueux pour permettre un déploiement plus rapide de technologies 5G plus avancées.

L’exclusion de Huawei des réseaux occidentaux, sur la base de soupçons autour de la présence de mouchards (qui n’ont jusqu’ici, à notre connaissance, pas été prouvés) a sans doute un peu joué dans cette situation. Même si nos confrères relèvent qu’aux États-Unis, qui se sont eux aussi passés d’équipement Huawei, autour de 85% de la population est déjà couverte – en dépit d’un territoire particulièrement vaste. En Chine, plus de 95% de la population est déjà couverte.

Divers acteurs des télécoms européens appellent donc à une consolidation du secteur. Aux USA, le prix moyen d’un abonnement 5G est autour de 90 dollars par mois, alors qu’en France, ce type d’abonnement reste nettement moins rentable pour les opérateurs.

  • L’Europe commence à accuser un retard très important sur le déploiement de la 5G – notamment vis-à-vis des États-Unis et de la Chine.
  • Si le réseau de base est là, les technologies réellement intéressantes au niveau des usages peinent encore à apparaître sur le vieux continent.
  • Une situation dont les raisons sont multiples, mais qui reposent sur l’essentiel à une difficulté pour les opérateurs de justifier les investissements nécessaires.

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