Saints Row : pourquoi le jeu fraîchement annoncé se fait descendre sur le toile ?
La semaine dernière, l’Opening Night Live de la Gamescom nous offrait une belle soirée avec deux heures de show pour découvrir une trentaine de jeux vidéo. Parmi eux, nous avions l’annonce très attendue avec le reboot de la licence Saints Row (en ouverture de la cérémonie). Pourtant, l’heure n’est pas à la fête pour les équipes de Volition (les développeurs du jeu) qui font face à de nombreuses critiques autour du titre. Il semblerait que le reboot de Saints Row ne plaise à personne.
Saints Row : Les fans de la première heure consternés
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Avec bientôt 800 000 vues sur la chaîne officielle de Saints Row, 22 000 likes mais déjà plus de 44 000 dislikes (à l’heure où nous écrivons ce papier), on se rend vite compte que le jeu ne fait pas l’unanimité. Mais pourquoi ? Car la licence Saints Row est très complexe, et ce cas soulève un problème qui dépasse celui de ce remake.
Le premier opus sort en 2006 en exclusivité sur Xbox 360. L’objectif de Volition est clairement de faire face à Rockstar Games et sa série Grand Theft Auto. Saints Row arrive donc deux ans après GTA San Andreas et propose un contenu plutôt généreux autour des guerres des gangs avec un scénario sérieux et beaucoup d’ambitions pour faire de l’ombre à GTA.
Deux ans plus tard, Saints Row 2 sort sur PC, PS3 et Xbox 360 pour prolonger le succès de son prédécesseur. Le titre est toujours sérieux, mais propose quelques passages décalés pour inciter les joueurs à plus de fun qui auront leurs petits moments de gloire. Hélas, Saints Row 2 arrive six mois après la tornade GTA IV et face au dernier né de Rockstar, les critiques ne seront pas tendres.
C’est pourquoi Volition va adopter une toute nouvelle stratégie à partir de 2011.
Saints Row : Les “nouveaux fans” consternés (eux aussi)
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Le 15 novembre 2011 (seulement quelques jours après l’annonce de GTA V), Saints Row : The Third débarque sur PS3, Xbox 360 et PC. Avec ce nouvel opus, c’est un changement de direction radical qu’opèrent les équipes de Volition. L’idée n’est plus de concurrencer GTA, mais au contraire de s’en éloigner.
Saints Row : The Third garde son concept de GTA-Like (un jeu de gangster en monde ouvert), mais abandonne totalement le côté sérieux pour proposer un univers décalé poussé à l’extrême. Un choix qui ne plaira pas à beaucoup de fans de la première heure, mais qui parviendra à trouver un nouveau public.
En 2013, un mois avant la sortie de GTA V, Saints Row IV arrive sur PS3, Xbox 360 et PC pour repousser les limites en allant encore plus loin dans le côté « décalé ». Hélas, ce quatrième opus sera un flop et marquera un temps d’arrêt pour la série.
Le reboot qui ne plait à aucun “gang de fans” ?
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Depuis plus d’une semaine, le rebot de Saints Row ne cesse de faire débat sur la toile. Pourtant, d’un point de vue extérieur le jeu semble prometteur. Ce dernier se déroulera dans une ville largement inspirée de Las Vegas, courses de rues et guerre des gangs sont au programme dans un monde ouvert qui paraît riche et dense. Mais cela ne suffit pas.
Les fans de la première heure (avec Saints Row I & II) critiquent la direction artistique avec des personnages trop « cartoon », qui ne ressemblent pas aux membres de gangs que l’on pouvait retrouver dans les deux premiers jeux. Les joueurs reprochent à Volition d’avoir opté pour des protagonistes semblables à des adolescents plutôt qu’à de vrais gangsters.
Ces deux images montrent le problème qui fait grincer des dents les fans de la première heure. C’est un drôle de paradoxe quand on sait que le studio Volition faisait part de ses envies et de la nécessité de revenir aux origines de la licence. Justement, c’est ce retour en arrière qui ne plaît pas aux récents fans de la série.
Pour les joueurs qui ont découvert et apprécié Saints Row avec le troisième opus, ce reboot n’est pas une bonne chose non plus étant donné qu’il s’éloigne totalement du côté décalé. Si tout le monde était d’accord pour admettre que le dernier épisode allait beaucoup trop loin, de nombreux fans espéraient une vraie suite à Saints Row : The Third. Hélas, ce ne sera pas le cas, même si Volition promet que le jeu ne sera pas complètement sérieux.
Des jeux qui appartiennent avant tout aux joueurs ? Ou aux créateurs ?
Le problème de Saints Row n’est pas un cas isolé. À l’heure où le jeu vidéo commence enfin à être reconnu à sa juste valeur, de nombreux fans n’acceptent pas qu’on leur propose des œuvres qui vont les sortir de leur zone de confort. On peut prendre l’exemple de The Last Of Us Part.II l’année dernière qui a fait énormément débat au point ou des fans ont lancé une pétition pour réécrire une partie du jeu.
Les jeux vidéo, au même titre que les films, les séries ou encore les œuvres littéraires appartiennent à leurs créateurs. Respecter et accepter que la vision d’un auteur sur sa création reste la chose la plus importante.
Avec des licences aussi gargantuesques que Saints Row, GTA, The Last Of Us qui parviennent à s’écouler à des millions d’exemplaires, il est de plus en plus compliqué de satisfaire tous les fans. Mais est-ce réellement l’objectif d’un jeu ou de quelconque œuvre de divertissement ?
Les avis sont subjectifs et personne n’aura la même approche d’un film, d’une série ou d’un jeu vidéo. Le mieux est encore de laisser les auteurs, les créateurs, ou les développeurs concevoir des œuvres selon leur vision. Sans eux, nous n’aurions pas le plaisir de nous divertir. Le plus important est-il qu’un jeu arrive à plaire au plus grand nombre, ou que les créateurs puissent prendre du bon temps à le concevoir ?
Il y a suffisamment de jeux qui sortent tous les ans pour trouver la pépite qui parviendra à vous émerveiller. Pour cela, il faut que les auteurs continuent à prendre du plaisir en créant les œuvres qu’ils souhaitent sans se plier à des normes. On espère par-dessus tout que les studios et les développeurs continueront à faire des jeux pour eux, avant de les faire pour les fans.
Comme le disait si bien Alexandre Astier cet été avant la sortie de Kaamelott Premier Volet, le film tant attendu, dix ans après la fin de la série. L’objectif n’était pas de plaire aux fans. Il voulait avant tout un film qui lui plaisait à lui. L’interprète du Roi Arthur confiait qu’il n’était pas là pour faire du fan service. « Si vous me demandez trois fois de faire du rouge, je ferais du bleu (…), ce n’est pas vous qui racontez, c’est moi. Donc je m’autorise à vous déplaire. Ça fait partie du deal. Je signe et je fais ce que je veux. C’est ça mon boulot, pas de vous convenir ».
Encore de belles et sages paroles du fils Pendragon.