Alvin, le sous-marin qui peut explorer 99 % des profondeurs océaniques

Alvin, le submersible de recherche de l’United States Navy, a récemment bénéficié d’une transformation très importante. Grâce à un investissement pharaonique de 50 millions de dollars, ce sous-marin est capable de s’immerger jusqu’à une profondeur vertigineuse de 6 500 mètres, lui ouvrant ainsi les portes de 99 % des fonds océaniques. Pour la rcommunauté scientifique, c’est certainement le synonyme de découvertes d’écosystèmes inconnus et d’organismes qui restaient jusqu’alors inaccessibles.

Lisa Levin, écologiste marine et océanographe biologique à l’Université de Californie à San Diego, se réjouit de cette opportunité. « Les gens savent qu’ils sont là », déclare-t-elle, faisant référence aux créatures mystérieuses des abysses. « Mais personne ne les a véritablement observées ». En effet, les océans sont encore largement inconnus tant l’accès aux biomes les plus profonds est complexe. D’où l’importance d’initiatives comme celle-ci ou comme le robot RAD2.

Alvin : Un géant de l’exploration sous-marine

Depuis son lancement il y a 60 ans, Alvin a indéniablement bouleversé le paysage de la recherche océanique. Ce submersible a permis de nombreuses avancées en océanographie : découverte des monts hydrothermaux en 1977, étude avancée de la tectonique des plaques et topographie précise des océans.

Initialement capable de s’immerger à une profondeur de 2 000 mètres, Alvin a vu sa capacité s’étendre à 4 500 mètres, couvrant ainsi 68 % du vaste plancher océanique. D’autres nations telles que la France, la Russie, le Japon et la Chine ont construit également des submersibles dans capables d’atteindre des profondeurs vertigineuses de 6 500 mètres ou plus. En 2020, la Chine a dévoilé avec fierté le Fendouzhe, apte à plonger à plus de 10 000 mètres avec trois personnes à son bord.

La dernière mise à niveau d’Alvin était espérée depuis très longtemps. Autorisée par la National Science Foundation en 2004, cette amélioration devait initialement aboutir à un nouveau submersible de 22 millions de dollars d’ici 2007. Néanmoins, des dépassements de coûts imprévus et des difficultés techniques inattendues ont retardé le projet.

Finalement, les gestionnaires ont décidé de rénover le sous-marin déjà existant. Aujourd’hui, Alvin est fièrement équipé d’une coque en titane plus épaisse, de joints renforcés, d’un intérieur plus spacieux, de caméras améliorées et d’un panier à échantillons plus grand. Cela permettra aux scientifiques d’explorer des zones auparavant totalement inconnues, explique Jeffrey Marlow, microbiologiste environnemental à l’Université de Boston.

Alvin
Alvin sur le pont de l’Atlantis, rentrant d’une plongée © Taollan82 / Wikipédia

Exploration des écosystèmes profonds

Les nouvelles ahbiletés d’Alvin offre aux scientifiques des perspectives inédites et passionnantes pour l’exploration sous-marine. Il pourra emmener des équipages jusque dans les plaines abyssales, vastes étendues plates recouvertes de sédiments à près de 6 000 mètres de profondeur. Ces zones sont parsemées de roches riches en minéraux précieux, cibles très convoitées par l’industrie minière.

Pour compenser les limitations de l’appareil, deux nouveaux véhicules autonomes (AUVs), Orpheus et Eurydice, accompagneront le sous-marin dans son futur périple, prévu en Alaska. En effet, si Alvin peut désormais explorer 99 % des fonds océaniques, le 1 % restant lui reste inaccessible. Même si cela peut paraître peu, cela correspond en réalité à plus de la moitié des profondeurs océaniques. Ces deux engins sont conçus pour être peu coûteux et faciles à remplacer, une stratégie pragmatique. Ils cartographieront méticuleusement les zones à explorer et pourront effectuer des recherches indépendamment d’Alvin : extraction de carottes de sédiments ou prise de photos haute définition par exemple.

De plus en plus, les submersibles robotisés gagnent en sophistication. Pour certains experts, comme Weicheng Cui de l’Université de Westlake en Chine, la fin des sous-marins habités approche. Mais d’autres, comme Lisa Levin pensent l’inverse et affirment que rien ne remplacera l’expérience directe. Il faut dire que la chercheuse a déjà plongé 50 fois avec Alvin et que selon elle, voir de ses propres yeux les merveilles que recèlent les profondeurs reste d’une importance première. Dans tous les cas, Alvin n’a sûrement pas fini de nous livrer tous les secrets de nos océans et, fort de sa nouvelle mise-à-jour, il est certainement parti pour quelques décennies de loyaux services.

  • Alvin, le submersible de l’United States Navy vient de bénéficier d’importantes améliorations.
  • Il pourra désormais plonger à 6 500 mètres de profondeur pour étudier les écosystèmes profonds.
  • Une capacité qui lui permettra de naviguer dans 99 % des fonds marins.

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