Les robots sont-ils la solution pour aider nos seniors ?

La robotique est un domaine en plein essor et bon nombre d’entreprises aiment à montrer qu’ils progressent vite. Tesla avec son robot Optimus, Boston et son acrobate Atlas ou encore Figure et son humanoïde intelligent. Voilà la partie visible de l’iceberg de la robotique. Il y en a une autre, nécessairement moins connu du grand public : celle des robots utilisés comme assistants de vie ou soutien émotionnels pour les seniors.

Cet article publié dans Nature explore comment ces robots à qui on confie une mission sociale sont acceptés par les personnes âgées et les limites inhérentes à leur adoption.

Les robots et les seniors : une relation parfois complexe

Les robots se révèlent être des compagnons prometteurs pour les seniors, en particulier ceux atteints de certaines formes de démences. Une étude comme celle de Lillian Hung, créatrice du laboratoire IDEA à l’Université de Colombie-Britannique, démontre l’efficacité de robots comme Paro. Celui-ci est une peluche robotisée de bébé phoque à la mine craquante, utilisé pour réduire les émotions négatives, favoriser l’interaction sociale et améliorer l’humeur des patients.

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Certains robots vont même plus loin en agissant comme des aides-soignants, rappelant aux utilisateurs de prendre leurs médicaments ou dirigeant des programmes d’exercices légers. Ryan, par exemple, est un robot compagnon humanoïde créé par Mohammad Mahoor, ingénieur en électricité et informatique à l’Université de Denver au Colorado. Ryan a été créé en 2013 et perfectionné dans sa troisième version en 2020 pour « réduire l’isolement social chez les personnes atteintes de démence ou de dépression précoces en les engageant dans des conversations ».

Cependant, l’utilisation de robots dans les soins aux seniors soulève quelques inquiétudes. Clara Berridge, éthicienne à l’Université de Washington met en avant la priorité que certains seniors accordent au contact humain par rapport à l’interaction robotique. Elle souligne également qu’en aucun cas la robotique ne doit occulter les pénuries réelles de personnel dans les établissements de soins.

« Si nous investissons des ressources dans les soins aux personnes âgées, je veux plus de personnel dans l’établissement pour qu’ils ne meurent pas seuls », déclare-t-elle.

L’avis de Lillian Hung rejoint aussi celui-ci. Les robots pourraient procurer une solution temporaire pour pallier la solitude et l’isolement, mais ils ne devraient jamais remplacer l’interaction humaine. « Pour une personne âgée qui est fragile et a du mal à s’exprimer, le robot ne juge pas » explique-t-elle. « Il offre une présence inconditionnelle. Peu importe ce qu’ils disent, il est toujours heureux d’écouter » continue-t-elle.

Une technologie prometteuse, mais des obstacles qui demeurent

Le potentiel des robots en tant qu’auxiliaires complémentaires est bel est bien là. Toutefois, des obstacles subsistent encore avant de pouvoir imaginer leur adoption à grande échelle dans les infrastructures soins aux personnes âgées.

Par exemple, certains robots éprouvent des difficultés à effectuer certaines tâches complexes, comme la navigation dans un environnement domestique. Ceux doués de reconnaissance vocale peuvent aussi peiner à comprendre les instructions. Ces problèmes constituent des freins importants à leur utilisation. En 2022, une meta-analyse menée par Clare Wu, qui étudie la prévention de la démence à l’University College London, n’a pas trouvé suffisamment de preuves pour affirmer définitivement que les robots améliorent la qualité de vie des patients atteints de ce type de maladies.

D’autres questions demeurent et sont d’ordre éthique. Faut-il tromper les utilisateurs, lorsque leurs capacités cognitives sont insuffisantes, en leur faisant croire que les robots sont des êtres humains ? Est-il acceptable de privilégier l’investissement dans les robots au détriment d’un financement adéquat des soins humains ? Ces interrogations ne peuvent pas être balayées d’un revers de main.

Un dernier frein est celui des coûts de développement, nécessairement très élevés. L’humanoïde Ryan, par exemple, a couté 6 millions de dollars à développer. Les maisons de soins avec qui Mahoor a collaboré n’ont pas les moyens de l’acheter. Même s’il est prévu que Ryan soit louable à 1 200 dollars par mois, ne risque-t-on pas de voir se développer ces robots exclusivement dans des environnements déjà privilégiés ?

En bref, ce n’est pas demain que nous verrons des hordes de robots parcourir les établissements de soin. Ils seront peut-être à l’avenir utilisés plus largement, mais des recherches plus approfondies sont nécessaires pour déterminer leur efficacité à long terme. Les questions éthiques et économiques devront également être résolues avant d’imaginer tout déploiement à grande échelle. Rappelons-le tout de même : ils ne remplaceront jamais l’être humain et le care, mais peuvent être des outils complémentaires efficaces.

  • Certains exemples de robot accompagnant les seniors sont des réussites, néanmoins ceux-ci sont pour le moment assez rares.
  • Même si certains résultats sont prometteurs, d’autres recherches prouvent que dans certains cas (démence), la vie des patients n’est pas nécessairement améliorée par la présence d’un robot dans leur quotidien.
  • Des questions d’ordre éthique, techniques et économiques restent encore des freins majeurs au déploiement de la robotique dans ce domaine.

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