Critique Le Garçon et le Héron : pour son grand retour, le maître Miyazaki est-il à la hauteur ?
On peut dire que Hayao Miyazaki nous a fait quelques jolies frayeurs. Après deux annonces de départ à la retraite, le cinéaste s’est finalement rapidement remis au travail pour nous offrir un ultime film d’animation. Des adieux en grande pompe pour celui qui fait rêver des générations depuis presque 40 ans.
Le Garçon et le Héron se sera fait attendre. Miyazaki a mis plusieurs années à concrétiser ce nouveau projet, et pas des moindres. Après une sortie sur l’archipel nippon, le nouveau film d’animation du célèbre studio Ghibli pose ses valises chez nous.
Dès le 1er novembre 2023, les cinéphiles pourront donc découvrir la nouvelle création de Hayao Miyazaki, Le Garçon et le Héron, dans les salles obscures. Cela faisait 10 ans que le réalisateur japonais ne nous avait rien offert. Quant au dernier film du studio d’animation, il était sorti directement sur Netflix en 2021 et il n’avait pas su faire mouche auprès des spectateurs.
Dire que les attentes pour Le Garçon et le Héron sont élevées serait presque un euphémisme. Miyazaki est reconnu comme un cinéaste accompli et un maître incontesté dans le domaine de l’animation. Son nouveau projet est donc attendu au tournant et sera assurément scruté. Voici ce que nous avons pensé du film Le Garçon et le Héron.
Un retour envoûtant
Dix ans après la sortie du film Le Vent se Lève, qui devait initialement permettre à Miyazaki de faire ses adieux aux fans, le cinéaste est de retour avec Le Garçon et le Héron. Ce nouveau film d’animation permet au réalisateur de montrer une nouvelle fois l’étendue de son talent, dont nous étions d’ores et déjà convaincus depuis de nombreuses années.
En 2023, Hayao Miyazaki est au sommet de son art. Visuellement, Le Garçon et le Héron est splendide. Ceux qui aiment l’esthétique des films du studio Ghibli seront donc comblés par cette nouvelle œuvre. Miyazaki a mis tout son savoir-faire dans la réalisation du Garçon et le Héron. Résultat : une merveille !
Chaque plan est envoûtant, l’animation est d’une fluidité exceptionnelle et on ne peut que saluer la beauté du film. À la musique, Miyazaki a fait appel à son partenaire de toujours, Joe Hisaishi. Sur la forme, il n’y a rien à redire : Le Garçon et le Héron est sublime. Sur le fond, en revanche, le réalisateur devrait laisser plus d’un spectateur pantois.
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Une complexité qui coûtera quelques plumes à Miyazaki
Le Garçon et le Héron est un ultime cadeau, gardé au chaud précieusement, que beaucoup ne comprendront pas vraiment. Miyazaki nous livre l’histoire touchante de Mahito. À 11 ans, ce jeune garçon est forcé de quitter Tokyo avec son père suite au décès de sa mère dans un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale. Alors qu’il tente de s’habituer à sa nouvelle vie, où son père a déjà refait sa vie avec la sœur de feu son épouse, le garçonnet courroucé va vivre un véritable récit initiatique mené tambour battant par un drôle de héron cendré.
Dans Le Garçon et le Héron, on retrouve la trace d’une quantité d’œuvres de Miyazaki. Une pointe du Vent se Lève par là, un soupçon du Voyage de Chihiro, une petite pincée de Mon Voisin Totoro… Mais tout est plus sombre. Pas autant que Le Tombeau des Lucioles de son acolyte Isao Takahata, bien sûr, mais tout de même. En même temps, le point de départ du film est la mort de la mère du héros, en proie aux flammes, conséquence affreuse de la guerre. Cet épisode traumatisant hante Mahito tout au long du métrage.
Devant Le Garçon et le Héron, il faut faire preuve de patience. Visiblement, Miyazaki n’est pas pressé de plonger dans le vif du sujet et nous fait profiter d’une première partie contemplative, qui a son charme. Mais qui ne satisfera peut-être pas tout le monde.
Le Garçon et le Héron se veut plus cryptique que d’autres films que nous a déjà offerts Miyazaki au cours de sa carrière. De nombreuses couches, entre fantasmes, rêves, cauchemars et réalité, composent le long métrage. Il va donc falloir plus d’un visionnage pour véritablement tout comprendre. Sans notice, il est difficile de savoir clairement que faire des multiples pièces de puzzle que nous confie le cinéaste lors de ces deux heures de visionnage. Décousu, trop abstrait, une allure de rêve un peu fiévreux par moment… Si cette complexité peut freiner plus d’un spectateur, elle fait aussi toute la beauté du film et de ses messages.
Véritable dédale mystique, Le Garçon et le Héron a de nombreuses choses à confier aux spectateurs qui sauront tendre l’oreille. Ainsi, pour ce dernier rendez-vous, Miyazaki nous laisse avec une flopée d’interrogations sur le monde, le destin et la vie… Mais aussi sur l’avenir de son propre studio d’animation. À plus de 80 ans, à quel futur peut prétendre le studio Ghibli quand le cinéaste ne sera plus ? Ce n’est pas pour rien que le titre original du film pourrait être traduit par Comment vivrez-vous ?.
Le Garçon et le Héron laissera plus d’un spectateur sur sa faim. Sa conclusion plutôt énigmatique permet cependant à chacun d’être libre d’interpréter les messages qu’a essayé de faire passer Miyazaki. Mais à se vouloir trop cryptique, Le Garçon et le Héron pourrait finalement n’être qu’un poids plume dans la filmographie du réalisateur japonais.
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Le Garçon et le Héron : à voir absolument ?
Les fans du studio Ghibli devraient se laisser séduire par Le Garçon et le Héron. Pour cette nouvelle œuvre, Hayao Miyazaki n’a pas fait les choses à moitié. Le long métrage est d’une beauté spectaculaire et on se rince l’œil pendant deux heures. Vous en prendrez aussi plein les oreilles, la partition du Garçon et le Héron étant confiée à Joe Hisaishi, fidèle acolyte du réalisateur.
En réalité, c’est le fond du long métrage qui devrait faire le plus débat. Abstrait et décousu, Le Garçon et le Héron mérite assurément plus d’un visionnage pour obtenir toutes les clés et comprendre pleinement ce labyrinthe cryptique. Mais pour quiconque aime se laisser porter, le film d’animation devrait être un régal.