Quels sont les effets des champignons hallucinogènes sur notre cerveau ?

Parmi les centaines de substances psychédéliques que nous connaissons actuellement, la psilocybine, présente dans certains champignons hallucinogènes, est l’une des plus anciennes utilisées par l’Homme. Sa consommation remonte à des millénaires et a laissé des traces dans de nombreuses cultures à travers le monde. Les Aztèques, les Mayas et les peuples d’Amérique du Nord en faisaient un usage rituel et sacré.

Avec l’avènement de la contre-culture des années 1960 et le mouvement hippie, les champignons ont gagné en popularité auprès d’un public qui leur ont trouvé un usage récréatif. Depuis plusieurs décennies, la recherche scientifique s’est à nouveau penchée sur les propriétés thérapeutiques potentielles des champignons et des études ont montré des résultats prometteurs dans le traitement de la dépression, de l’anxiété et des troubles obsessionnels compulsifs. Comment de simples champignons peuvent-ils chambouler à ce point notre cerveau ?

Comment la psilocybine affecte notre cerveau

L’ingrédient actif principal des champignons hallucinogènes, la psilocybine, est métabolisée par notre organisme en psilocine après son absorption. Cette substance, une fois transformée, interagit avec les récepteurs sérotoninergiques disséminés dans notre encéphale. La sérotonine est un neurotransmetteur essentiel à notre survie ; elle joue un rôle prépondérant dans la régulation de l’humeur, de la perception et de diverses fonctions cognitives.

En s’arrimant à ces récepteurs, la psilocine déclenche une effervescence neuronale éphémère dans certaines aires cérébrales, perturbant ainsi les réseaux neuronaux habituellement établis.

Cette altération engendre une palette d’effets aussi variés que fascinants : euphorie, illusions visuelles kaléidoscopiques, distorsion du rapport au temps et à l’espace, ou, dans certains cas, une refonte de la conscience identitaire. Les expérimentateurs relatent fréquemment des odyssées mystiques, des sentiments d’osmose ou des états de transcendance absolue.

La vidéo ci-dessous propose une simulation visuelle de ce que provoque l’ingestion d’une forte dose de champignons hallucinogènes.

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Des découvertes scientifiques prometteuses

Comme écrit précédemment, les champignons hallucinogènes font l’objet d’études pour évaluer leur intérêt thérapeutiques. Un domaine d’étude qui a été fortement ralenti en raison des politiques de pénalisation des drogues en vigueur aux USA depuis les années 60.

Une nouvelle recherche a été publiée le 17 juillet dans la revue Nature. Menée par une équipe de chercheurs de l’Université de Washington à Saint-Louis, sous la direction des professeurs Nico U.F. Dosenbach et Joshua S. Siegel, celle-ci avait pour but d’évaluer en profondeur les effets de la psilocybine sur notre organe pensant.

Ce dernier, auteur principal de l’étude, explique : « Actuellement, nous connaissons bien les effets psychologiques et moléculaires/cellulaires de la psilocybine. Cependant, nous savons peu de choses sur ce qui se passe au niveau des réseaux fonctionnels du cerveau, là où les deux se rejoignent ».

Cette étude a impliqué sept adultes en parfaite santé, soumis à l’administration d’une dose conséquente de psilocybine ou de méthylphénidate (Ritaline) dans un cadre rigoureusement contrôlé.

« L’impact initial [NDLR : de la prise de psilocybine] est colossal, puis s’estompe progressivement, laissant une empreinte subtile mais persistante. C’est exactement ce qu’on attend d’un médicament potentiel. On ne veut pas que les réseaux cérébraux soient perturbés pendant des jours, mais on ne veut pas non plus que tout redevienne comme avant immédiatement. L’idéal est un effet qui dure assez longtemps pour être efficace » élucide Dosenbach.

Les participants ont été soumis à une batterie de 18 examens IRMf en moyenne, répartis avant, pendant et jusqu’à trois semaines post-expérience psychédélique.

Les conclusions de cette étude révèlent que la psilocybine engendre des bouleversements profonds et étendus au sein des réseaux fonctionnels cérébraux. Plus spécifiquement, elle désynchronise le réseau par défaut, un ensemble complexe de régions cérébrales interconnectées, habituellement actif lorsque notre esprit vagabonde.

Suite à cette désynchronisation induite par la psilocybine, ce réseau se reconstitue progressivement à mesure que les effets aigus de la substance s’estompent, mais avec des nuances subtiles par rapport à son état initial. Ces altérations persistent durant plusieurs semaines, suggérant que la psilocybine pourrait accroître la plasticité cérébrale, facilitant l’adoption d’états de fonctionnement plus harmonieux à long terme.

Des résultats qui offrent des perspectives très intéressantes pour le traitement de certains troubles mentaux comme la dépression ou le syndrome de stress post-traumatique. La psilocybine pourrait donc faciliter la flexibilité du cerveau et lui redonner l’aptitude à fonctionner de manière normale. Tout cela est bien prometteur, mais il faut souligner que la FDA (Food and Drug Administration) n’a pas encore approuvé l’utilisation de psilocybine en tant que traitement. Il existe tout de même certains risques à l’utiliser hors cadre médical et les auteurs de l’étude n’appellent absolument pas à interpréter celle-ci comme un encouragement à l’automédication.

  • La psilocybine altère temporairement les réseaux neuronaux en agissant sur les récepteurs sérotoninergiques.
  • Une nouvelle recherche a démontré qu’elle augmenterait la plasticité cérébrale.
  • Cela fait d’elle une bonne candidate comme potentiel traitement contre certains problèmes mentaux.

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