Pourquoi le monde a-t-il besoin d’un traité sévère contre la pollution plastique ?

La pollution par le plastique est une problématique envisagée sous différents angles. On voit parfois émerger la promesse d’un matériau substitutif ou encore d’une nouvelle technologie pour le revaloriser. Cette fois-ci, c’est sous l’angle de la législation que le sujet est abordé.

La semaine dernière, des négociateurs du monde entier se réunissent à Ottawa cette semaine pour finaliser un traité international visant à réduire drastiquement la pollution plastique. Un processus lancé en 2022 qui doit logiquement aboutir à un accord au mois de décembre prochain. L’enjeu est colossal : il s’agit de limiter la production de plastique vierge, de promouvoir le recyclage et de mettre en place des mécanismes financiers pour soutenir la gestion des déchets plastiques. Toutefois, les négociations ne s’annoncent pas de tout repos, car certains États membres s’opposent à des mesures strictes.

Objectif « zéro déchet » : un défi de taille

L’objectif du traité en question est ambitieux : ramener à zéro la quantité de « déchets mal gérés » d’ici 2040. Ceux-ci correspondent au plastique qui n’est ni recyclé, ni éliminé dans une décharge ou un incinérateur contrôlé, et se retrouve dispersé dans l’environnement ou brûlé à ciel ouvert.

La production annuelle de plastique a connu une croissance exponentielle, passant de 2 millions de tonnes en 1950 à 460 millions de tonnes en 2019 (et devrait tripler d’ici 2060). Le problème, c’est que mesurer les déchets mal géré est un processus très complexe. Les estimations font état de 74 millions de tonnes produites chaque année. Sans action de notre part, ce chiffre pourrait atteindre 122 millions de tonnes d’ici 2050.

Des chercheurs ont modélisé l’impact de différentes politiques sur les déchets plastiques. Pour atteindre l’objectif de « zéro déchet », il sera crucial de combiner des mesures en aval (comme accélérer le processus de recyclage) et en amont (comme le plafonnement de la production de plastique vierge).

Maragaret Spring est spécialiste juridique et responsable de la conservation au Monterey Bay Aquarium en Californie. Elle préside également un groupe d’experts sur le plastique au Conseil international de la science, fournissant des conseils scientifiques pour la rédaction du traité : « Je n’ai jamais vu un nouveau processus diplomatique avancer aussi vite et la science essayer de rattraper son retard à ce point […] Il faut faire tout ce que nous pouvons ».

Plastique : un fléau global

Un nouveau rapport émanant du Laboratoire national Lawrence-Berkeley (Californie) établit un constat alarmant. En 2019, la production de plastique a généré l’équivalent de 2,24 gigatonnes de dioxyde de carbone, soit plus d’un quart du carbone total que l’humanité peut émettre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Si la tendance actuelle se poursuit à ce rythme, les émissions de plastique tripleront d’ici 2050, menaçant d’anéantir entièrment les efforts de lutte contre le changement climatique.

Mais le plastique n’affecte pas uniquement le climat. Sa production et son élimination libèrent des substances toxiques dans l’environnement, avec des conséquences graves sur la santé humaine.

Un rapport récent a estimé les coûts sanitaires liés aux substances émises par le plastique (handicaps, maladies, etc.) aux États-Unis, et le résultat est proprement hallucinants. Ceux-ci dépassaient les 920 milliards de dollars en 2015. Nous vous laissons imaginer ce qu’il en coûte à l’échelle de la planète. Des recherches établissent des liens de plus en plus clairs entre le plastique et des problèmes de santé graves, tels que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et même le décès.

Face à l’urgence critique d’une telle situation, aux multiples menaces que fait peser le plastique sur l’environnement et sur la santé humaine, la conclusion d’un traité international ferme est aujourd’hui notre seule porte de sortie. Le consensus scientifique est solidement établi et fournit des preuves solides pour étayer des mesures fortes. Il ne reste plus que quelques mois pour trouver un compromis et se permettre d’envisager un avenir un peu plus radieux pour les générations à venir.

  • Un traité international sur le plastique est en cours de rédaction depuis 2022 et devrait déboucher sur un accord à la fin de l’année.
  • L’objectif de celui-ci : zéro déchet mal géré d’ici 2040, ce qui nécessite la mise en place de mesures très importantes et sévères.
  • Le plastique nuit aux écosystèmes, au climat et à la santé humaine, les preuves scientifiques s’accumulent de plus en plus.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.