Thérapies assistées par psychédéliques : des résultats plus efficaces ?

Une nouvelle étude publiée dans la revue PLOS ONE a mis en lumière un élément crucial dans l’efficacité des thérapies assistées par psychédéliques, en particulier la psilocybine (substance présente dans certaines espèces de champignons hallucinogènes). La force de la relation entre le patient et son thérapeute. L’étude, menée sur 24 patients souffrant de dépression sévère, révèle une corrélation positive entre l’intensité du lien patient-thérapeute et la diminution des symptômes dépressifs à long terme. Plus le patient se sent connecté à son thérapeute, plus l’effet bénéfique de la psilocybine se prolonge.

Le rôle du thérapeute s’avère essentiel : il prépare psychologiquement le patient avant la prise de la substance, l’accompagne pendant l’expérience et l’analyse avec lui par la suite. Ces conclusions pourraient influencer la normalisation des protocoles de thérapie assistée par psychédéliques, alors que cette pratique suscite un intérêt croissant dans la communauté médicale.

L’alliance thérapeutique au cœur de l’efficacité

Des chercheurs de l’université d’État de l’Ohio ont mené en 2021 une étude sur l’impact de l’alliance thérapeutique (relation entre le patient et son thérapeute), dans le cadre d’un traitement par psilocybine pour la dépression sévère.

Le cadre de l’étude était le suivant : 24 adultes souffrant de dépression sévère qui ont reçu deux doses de psilocybine, accompagnées de 11 heures de psychothérapie. À la fin de la thérapie, Les participants ont évalué leur relation avec leur thérapeute tout en rapportant s’ils avaient vécu une expérience mystique ou psychologique profonde lors du traitement. Les résultats ont révélé une corrélation positive entre l’alliance thérapeutique et l’amélioration des symptômes dépressifs à long terme. En d’autres termes, plus le patient se sentait connecté à son thérapeute, plus les effets bénéfiques de la psilocybine duraient.

L’alliance thérapeutique jouerait donc un rôle élémentaire dans les thérapies assistées par psychédéliques. Alan Davis, auteur principal de l’étude et professeur associé au Centre de recherche et d’éducation sur les drogues psychédéliques, a déclaré dans un communiqué : « Ce concept n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est le fait que peu de recherches se soient penchées sur son rôle dans le cadre des thérapies assistées par psychédéliques ». 

Vers une normalisation encadrée des thérapies psychédéliques ?

Alors que la recherche sur les thérapies assistées par psychédéliques s’intensifie, leur statut évolue rapidement aux États-Unis. Si la psilocybine reste classée comme drogue du tableau I, plusieurs villes ont dépénalisé sa possession et des avancées réglementaires notables ont été réalisées.

Par exemple, la FDA (Food and Drug Administration) a approuvé la mise sur le marché du Spravato, un spray nasal contenant de l’eskétamine pour traiter les dépressions résistantes aux anti-dépresseurs classiques. Pour la toute première fois, la FDA a également publié un guide officiel pour les chercheurs désireux de mener des essais cliniques sur des traitements psychédéliques. Il est même probable qu’une thérapie à base de MDMA (substance, entre autres, présente dans l’ecstasy) développée par la MAPS Public Benefit Corporation reçoive la précieuse approbation de l’administration avant la fin de l’année. 

Ces avancées soulignent le potentiel prometteur de ces thérapies pour le traitement de troubles mentaux comme la dépression et le stress post-traumatique. Toutefois, certains experts soulignent tout de même la nécessité d’un cadre réglementaire adapté pour garantir une utilisation sûre et responsable. Comme n’importe quel médicament en réalité.

Quel cadre réglementaire adopter ?

Bien évidemment, l’adoption de ces nouvelles substances dans des protocoles thérapeutiques inédits nécessite l’instauration d’une réglementation adaptée. Ce cadre devrait s’articuler autour de plusieurs axes.

Premièrement, une formation rigoureuse des thérapeutes. L’accompagnement des patients par des professionnels hautement qualifiés en la matière est essentiel pour maximiser les bénéfices et minimiser les risques liés à ces traitements.

Ensuite, des protocoles clairs et standardisés sont impératifs pour instaurer une mise en place sereine de ces nouveaux types de traitements. Des directives précises et harmonisées doivent encadrer l’administration des substances psychédéliques, afin d’assurer une cohérence et une qualité optimales des soins. Pour accompagner cette mise en place, des systèmes de suivi robustes doivent être imaginés pour identifier et documenter tout effet indésirable potentiel, ainsi que les interactions possibles avec d’autres médicaments.

Dernier point, des procédures spécifiques doivent être établies pour garantir la sécurité et le bien-être des patients présentant des fragilités particulières, notamment les personnes souffrant de troubles psychiatriques comorbides ou d’un historique de traumatisme. L’adoption d’un tel cadre permettra de concrétiser le potentiel prometteur des thérapies psychédéliques dans le traitement de troubles mentaux, tout en veillant à une utilisation éthique et responsable de ces nouveaux outils.

Les recherches sur les thérapies assistées par psychédéliques en sont encore à leurs prémices, mais les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants. L’étude sur l’alliance thérapeutique met en lumière un facteur clé influençant l’efficacité de ces traitements, soulignant l’importance d’une approche centrée sur le patient et d’un accompagnement thérapeutique de qualité. Après des années de prohibition ayant muselé la recherche, c’est une nouvelle page qui s’ouvre enfin pour le traitement avec les psychédéliques.

  • Une étude a mis en valeur l’importance de l’alliance thérapeutique dans les séances de thérapies assistées par psychédéliques.
  • L’acceptation administrative et légale de ce genre de thérapies progresse assez rapidement aux États-Unis.
  • La question tourne désormais autour du cadre réglementaire à adopter pour asseoir ces nouvelles pratiques.

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