Les Etats-Unis annoncent de nouvelles sanctions contre une dizaine d’entreprises chinoises

On aurait pu penser que la fin de l’administration Trump entamerait une détente des relations sino-américaines. Il n’en est pourtant rien. Il faut dire que la Chine de Xi Jinping, a rarement autant montré ses muscles.

Or, Washington a peu apprécié les dernières déclarations menaçantes de Xi Jinping sur Taïwan, ainsi que de lire des rapports de ses services de renseignement décrivant comment le pays pratique l’espionnage industriel pour développer un redoutable supercalculateur quantique à destination militaire.

Taïwan pèse de plus en plus dans les relations sino-américaines

C’est donc à cause de Taïwan, de craintes autour de l’espionnage militaire, et du soutien au programme nucléaire Pakistanais, que le département du Commerce américain a décidé d’inscrire une trentaine d’entreprises sur sa liste d’Entités avec lesquelles les entreprises américaines n’ont pas le droit d’entretenir des relations commerciales.

Liste sur laquelle se trouve encore notoirement Huawei. En tout, 8 entreprises chinoises ont été ajoutées à la liste. Les autres entrées concernent des individus et personnes morales d’origine pakistanaise, japonaise et russe – qui sont tous accusés de soutenir la prolifération d’armes nucléaires ou l’espionnage industriel chinois.

Forte d’une économie qui tourne à plein régime, de l’essoufflement de l’hégémonie américaine et de capacités de production clés dans les technologies de pointe, la Chine n’a plus peur de hausser le ton. Elle investit la mer de Chine avec des bases militaires, tout en menaçant régulièrement Taïwan – et en construisant sa nouvelle “Route de la Soie”.

Or, la situation de l’île de Taïwan est historiquement compliquée. Historiquement, l’île fait bien partie du territoire chinois. Lors de la prise de pouvoir des communistes en 1949 les partisans du Kuomintang, l’ancien parti dirigeant (conservateur), ont fini par être chassés de la Chine continentale et se sont réfugiés sur l’île de Formose, à 161 km de la côte.

Taïwan va-t-il déclarer un jour son indépendance ?

Des suites de cette déroute, le Kuomintang a installé un régime autoritaire sur l’île, qui s’est maintenu jusqu’au tournant des années 1990. Depuis 1949, ces “deux factions d’un même pays” sont techniquement en guerre.

Sur le papier, Taïwan s’est longtemps considéré comme seul représentant légitime de la Chine, soulignant que la partie continentale du pays avait vocation à être réunifiée. Les communistes de la Chine continentale ont en parallèle toujours tenu un discours semblable, jusqu’à aujourd’hui.

C’est d’ailleurs pour cela qu’après les ports francs de Macao et de Hong Kong, la Chine espère reprendre le contrôle de Taïwan. Le pays a déjà réussi à isoler l’entité étatique sur la scène internationale – au point que rares sont les Etats qui entretiennent réellement des relations diplomatiques avec l’île.

Néanmoins, depuis les années 1990, la société taïwanaise a beaucoup changé. L’île, leader mondial de la fabrication de puces, est l’un des dragons asiatiques les plus performants. C’est devenu un pays démocratique, qui a récemment légalisé le mariage pour tous – et de facto Taïwan n’a plus de prétention territoriale sur le continent chinois.

Taïwan dispose d’une importante armée – et même si le rapport de force est aujourd’hui plutôt en faveur de la Chine, Taïwan a des alliés puissants, notamment les Etats-Unis et le Japon. Dans le même temps, Taïwan est l’un des principaux partenaires commercial de la Chine, ce qui invite la classe politique à se montrer prudente.

Mais en 2021, les taïwanais sont de moins en moins nombreux à se considérer chinois. D’ailleurs, le gouvernement démocrate-progressiste actuel, dirigé par Tsai Ing-Wen, ne cache pas sa préférence pour une officialisation de l’indépendance de Taïwan.

Les derniers sondages sur un hypothétique référendum sur le sujet donnent l’indépendance gagnante. Néanmoins, à chaque fois que le sujet est évoqué publiquement, la Chine ne tarde pas à réagir avec des menaces.

Le pays souligne à la moindre occasion que Taïwan a vocation à se réunifier avec le reste de la Chine. Alors, pour l’instant, le statut quo perdure, avec d’un côté Taïwan, quasiment un pays grâce à son armée, son gouvernement et ses relations. Et la Chine qui tolère de moins en moins cet espace de libertés.

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Le haussement de ton de la Chine ne donne pas l’impression que les tensions vont retomber. Le risque de conflit armé est bien réel à plus ou moins long terme – quand bien même personne dans cette histoire n’y a vraiment intérêt.