Europe et lithium ne font pas bon minage

L’Europe va devoir continuer de commander son lithium à la Chine pour la conception des voitures électriques. En Serbie ce vendredi matin, le gouvernement a mis à terme au projet de “Rio Tinto”, en amont des présidentielles, alors que le sujet avait soulevé une grande partie de la population locale, concernée par les dommages environnementaux irréparables d’une telle activité.

Derrière ce nom, un groupe minier international, particulièrement installé en Australie, et prêt à faire de la Serbie un pôle européen pour l’extraction de lithium. Le métal blanc y est présent en grande quantité au sein du pays depuis sa découverte en 2006. Mais ce dernier ne sera pas utilisé à en croire la première ministre Ana Brnabic qui parlait “de point final”.

La tendance est sensiblement la même dans plusieurs autres pays d’Europe où les populations locales ne manquent pas de faire entendre leur opposition. Sur le continent, les projets sont nombreux et cherchent tous à rendre souveraine l’Europe pour ne pas dépendre des importations extérieures. En Serbie, si Rio Tinto avait lancé ses activité, le minage de lithium aurait été à cadence élevée, avec jusqu’à 1 million de voitures électriques produites chaque année grâce aux ressources du site.

Belgrade, en Serbie, a bien pris conscience de la colère des habitants. Ces derniers mois, chaque weekend, des barrages routiers de grande ampleur bloquaient les axes principaux et les autoroutes. Mais les présidentielles pourraient tout changer et les intérêts économiques prendre les devants sur les mesures populistes de derniers recours.

Il y a seulement deux jours, la multinationale ne parlait pas d’abandon du projet mais de simple retard. Dans l’un de ses derniers communiqués, elle évoquait un retard dû à l’absence d’obtention du permis local pour commencer l’exploitation du terrain. Euronews citant la télévision locale, donnait la date de 2027 avant le démarrage du projet et son investissement de 2,1 milliards d’euros.

“Nous avons répondu à toutes les demandes des manifestants et mis fin à la présence de Rio Tinto en République de Serbie. Le projet est enterré (…) Nous n’avons pas peur de Rio Tinto. Nous sommes ici pour notre peuple et pour notre pays. Ils peuvent faire ce qu’ils pensent devoir faire. C’est la décision finale du gouvernement de la République de Serbie”, cherchait pourtant à rassurer le gouvernement ce matin.